Sentinelle

Cher Journal,

Il est un peu tard au regard des évènements relatés dans cette entrée de journal, mais fi des conventions !

Comme de coutume, le 24 décembre, nous nous rendons à la messe de minuit, celle qui a lieu à dix-huit heures. Qu'en dire ci ce n'est qu'après la fin, à la sortie de l'église, une silhouette attend, bien droite, le fusil à la main.

C'est la Sentinelle !

Ma mère remercie ce soldat, qui au lieu de fêter Noël, a passé la séance à veiller, dans le froid, à ce que les bonnes âmes puissent fêter leur réveillon, en bonne et due forme, en sécurité.

Cette sentinelle n'a guère plus de vingt ans, et regarde fièrement à l'horizon, du moins, aussi loin que le permettent les barres d'immeubles de la banlieue.

Devant cette citadelle qu'est l'église, du haut de ces vingt ans, un béret rouge, premier et seul rempart contre le loup qui oserait pénétrer dans la bergerie.

Derrière ce regard, des millénaires de sang, de querelles de civilisation, de généraux qui placent leurs pions, de visages défigurés, de morts à n'en plus finir, et des ossuaires dantesques aux hauts lieux des batailles les plus emblématiques de la barbarie humaine.

Sentinelle, je ne sais pas ce qui t'a conduit sur ce chemin, et je ne chercherais pas à le savoir. Sitôt que les grands de ce monde daigneront te lâcher, puisses tu retrouver les tiens, vivant et intègre.

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